Je suis une louve

Je suis devenue une louve.

Mais qu'est ce qui m'est passé par la tête? C'est la question que je me suis posée en boucle dès que mon fils m'a été présenté et est apparu devant mes yeux après 24h de contractions.

Un désir ardent de le toucher, de le sentir, de le regarder, de me perdre dans ses yeux si doux, équilibré par une angoisse à l'idée de le blesser, de lui faire du mal. Son calme après tellement d'efforts, de douleur, de larmes, que représentent ces premiers instants de vie, m'a fait l'effet d'un phare dans cette tempête de l'attente. Cette petite main qui dépasse et se tend comme pour me ramener à la réalité, me rappelle sans cesse que nous étions déjà connectés bien avant.

Au premier regard, mon esprit s'est mis subitement à régresser dans un abysse millénial. Dotée désormais de cette angoisse parentale omniprésente pour une partie vitale de mon corps qui n'est pas rattaché à sa base, je suis devenue un animal. Prête à mordre, hurler, et feuler dès que quelqu'un pénétrait notre cercle intime, j'ai su que cet instint primitif m'accompagnerait  jusqu'à la fin de mes jours.

Son regard est resté le même, celui de l'infini et de l'univers en construciton. Mon petit big bang est la plus douce des poésies de ma vie.